
J’ai pris un peu de temps, ou plutôt il m’a fallu attendre cette nuit d’orage de chaleur, bien tranquillement revenu dans mon sud natal pour vous délivrer un résumé digne de ce nom. Ce qu’aujourd’hui beaucoup d’entre vous me disent ne plus retrouver sur les magazines papiers ayant migrés par vents et marées sur internet, peut être pour cela que l’on ne les croise que trop peu au bord des spéciales.
Après un voyage rempli de péripéties, un amortisseur pneumatique explosant au siège social d’IVECO, un seul chauffeur détendeur du permis remorque, une directrice du marketing jonglant entre les visio conférences et des jumeaux rois du sommeil tête bêche sur la couchette unique de notre attelage, nous voilà arrivés dans la campagne slovaque, côtoyant les bêtes à cornes locales, les bidonvilles de Roms et les rivières coulant jusque dans le jardin de la maison louée pour l’occasion.
Comme à son habitude la petite ville de Gelnica accueille la caravane de l’enduroGP, cette fois-ci le paddock est parqué derrière des barricades, très serré ce Paddock, peu ou pas de place pour le Paddock B, les rois de la banderole et du pousse toi de là que je m’y mette mettrons les nerfs de Javier à rude épreuve, beaucoup sont ceux qui oublient qu’ancien policier de la brigade scientifique au Chili, il a toutes les techniques pour vous faire disparaître, gare à vous pauvres fous.

Tout le monde est en place et comme l’année dernière, c’est la meilleure organisation de Supertest, scène, écran géant, foodtruck et jeu gonflable pour enfants, essai de moto électrique, tribune, effets pyrotechniques, tout est réuni pour ouvrir le week end de manière grandiose.
Pour les malheureux qui ont assistés au live diffusé sur Instagram, toutes mes excuses de vous avoir offert un si triste spectacle.
Comme vous le savez tous à cette heure ci, le pilote local Jaroslav Diro, s’est tué juste devant nous, c’était tout juste le 10eme pilote à prendre le départ, le seul « double » du parcours lui coûtera la vie, tombant une première fois sur la ligne de droite, renouvelant la manœuvre à gauche mais cette fois ci la moto lui retombant sur la tête et la gorge.
Plus de 45min de massage cardiaque, de scènes que personne ne souhaite vivre, la direction de course souhaitant faire rouler les juniors et élites en premier lieu se verra refuser la politesse par l’ensemble des pilotes.
La nouvelle du décès de Jaroslav arrivera très tard dans la soirée et jusqu’à 20h, les négociations n’avançant pas, il fut convenu que les pilotes viennent s’aligner le long de la piste face au public pour rendre hommage au travail du club et notamment à celui de Jaroslav qui au delà de s’être aligné en open 4 temps, il aidât le track inspector, Maurizio Micheluz a tracer et valider les spéciales de ce week-end.
Tristesse sur les visages et images dérangeantes de notre pratique, nous connaissons les risques mais personne ne se lève le matin en rêvant de perdre la vie devant ses amis et sa famille à tout juste 30 ans. Repose en Paix Jaroslav.

La grande contradiction de ce week-end et que pour moi et pas mal de monde ici, c’est le plus bel enduro que nous offre le mondial depuis 2 ans.
Des conditions difficiles, des spéciales variées et dures, la météo se mêlant toujours à la fête redistribuant certaines cartes que l’on croyait acquises aux leaders depuis longtemps.
C’est ainsi que Thibault Giraudon est allé cherche sa première victoire samedi dernier en Youth. Beau qu’il est notre Thibault lorsqu’il enchaîne des journées pareilles se battant uniquement avec Léo Joyon, lorsque l’on regarde les chronos en direct et qu’ils sont suivis par Maxime Clauzier, ce n’est même plus un combat pour les Français, c’est une fête de les voir distancer les italiens, clairement moins à l’aise lorsque cela devient plus dur, par le parcours et la météo.
La déception et la frustration fut le menu du jour pour le moins bien coiffé Kevin Cristino, juste est faite. Merci le Karma.
Belle joie pour Thibault, déception pour Léo qui inversera la vapeur le dimanche lui qui était passé si près de la victoire en Suède, cette fois rien ne l’empêchera de triompher ce dimanche.
En bon jumeaux les Clauzier signeront un podium l’un après l’autre, Maxime le samedi et Clément le dimanche.
Quel plaisir de voir ces jeunes récompensés de leurs efforts. J’en connais une qui depuis Monteils dans l’Aveyron ne doit pas être peu fière.

En Junior, Albin Norrbin a imprimé un rythme dantesque sur sa Fantic, reléguant Jed Etchells et Jeremy Sydow a plus de 40 secondes et 1min le samedi, avec les conditions climatiques difficiles du dimanche, Jed refera une partie de son retard pour pointer à presque 15 secondes derrière mais Albin gagnera les deux journées et réduit son écart à seulement dix points avant les deux finales au Portugal.
Je dis bien deux finales car cela va être un sprint de 15 jours fin septembre/début octobre pour terminer ce championnat et sacrer le champion du monde junior entre les deux leaders du J1 et J2.
C’est beau quand c’est serré, moi qui travaille pour les deux gaziers que j’apprécie fortement, cela me donnera à nouveau l’occasion d’immortaliser ces images de joies et de soulagement qui nous attendent dans le sable portugais.
Chez nos élites, le retour de la fusée espagnole force le respect. Josep était bien là, avec de la douleur mais bien là.
Dès le training on sentait tout le monde stupéfait de le voir rouler, même si une légère retenue se faisait sentir. Il a tenu, sûrement bien aidé par les calmants et anti douleurs, signant deux belles journées en E1, chapeau bas Mr Garcia. Il reste leader de la catégorie.
C’est Theo Espinasse qui décrocha la timbale le samedi devant un Jamie McCanney, pilote privé avec Jean et Pedro ces suiveurs mécanos, anciens membres eux aussi du team YAMAHA Rally factory, soudés comme jamais, lien qui va amener Jamie à remporter pour la première fois depuis 5 ans en arrière la journée du dimanche. Quand l’année dernière ce dernier me disait qu’il avait du mal car avant de voguer vers d’autres lieux il roulait avec Garcia et faisait jeu égal, qu’aujourd’hui être relégué au rang d’outsider ne lui plaisait pas.

Il prouve cette année qu’il faut bien compter sur le pilote privé le plus rapide du paddock, qui vie son rêve même quand il lave sa moto derrière le magasin Fast Eddy à Cannock. Photo à l’appui.
Le podium Enduro GP de ce week-end est le même que le podium E2, un Steve Holcombe solide avec un Verona faisant les bon choix autant dans le pilotage que dans les bourbiers, nous ont offert un sacré combat tout le week-end.
Premier podium pour Wil Ruprecht le samedi avant d’avoir moins de réussite le dimanche, c’est Hamish Macdonald qui le remplace le second jour, belle performance du Néo-zélandais, on est loin de la Egger Tent de l’Erzberg Rodeo.

En E3, Brad a connu des déboires la semaine précédente en Italie qui lui ont laissés des traces mais comme la mouvance est au silence total avec les italiens de chez Beta, aucune nouvelle digne de ce nom ou communiqué.
Mais forcé de constater que Brad est diminué sur la moto, des chutes bêtes et sûrement des restes d’une commotion sérieuse vont l’empêcher de rouler.
Avec son absence, Mika Persson reprend ses droits, Fischeder l’allemand signe une deuxième place et Antoine Magain monte sur le podium du samedi, pas peu fier notre belge qui gravira une marche de plus le lendemain, ouvrant la porte à un certain Luc Fargier qui signe son premier podium en catégorie Élite, il en avait bien besoin l’ardéchois. Brad reste néanmoins leader de la catégorie E3.
Mention spéciale au mec simple et parfois râleur qu'est notre Enzo Marchal, avec ces deux nouvelles victoires il est virtuellement vainqueur de cette coupe du monde Open 2023 en Open 4 temps.
Ravi que nous avons tous été de le voir revenir sur ces paroles à la fin des journées en Suède, des presque vacances au son du 450 Fantic s'annoncent pour lui au Portugal. Une chose est sûre nous fêterons ça dignement soyez en sur.
Des enduros comme celui proposé en Slovaquie, nous en avons tous besoin après le simulacre suédois du mois précédent.
Des courses dures mais pas dangereuses, tous les pilotes étaient contents de rentrer à la maison dimanche dernier.

Une fois de plus mon TW fourni par Bonneton 2 roues à délivré le maximum de sa puissance pour me hisser dans les chemins slovaques, mon assistante de luxe a tout donné également pour vous montrer des choses variées avec son téléphone.
Quel plaisir de croiser des inconnus me disant apprécier mon travail et particulièrement ces textes.
Un beau roman vous attends prochainement avec les deux semaines autrichiennes commençant par quitter le port suédois de Göteborg et l’amoureux maladif qu’est Mel Mazaudier pour retrouver la carrière immense d’Eisenerz et Antoine « Supertramp » Criq.
Des lieux mythiques en Autriche, ça ne manque pas, des phénomènes comme cet Homme poilu il n’y
en a qu’un.
Un grand merci à tous ceux qui m'aident dans mon aventure motocycliste, avec en tête Bonneton 2 Roues, également merci à ceux qui même à l'étranger viennent me trouver au cul du camion pour me raconter leur histoire, exprimer leur sympathie, m'arrêtent sur les paddocks pour me dire que ma place est bien ici et qu'ils se délectent de mes lignes, méfiez vous une version papier pourrait voir le jour à ce rythme.
En bonus Alain Grangier qui sourit et Jeff Marchal qui cherche ses lunettes

Votre reporter d’opérette
RP